Du 20 au 23 août 2025, SKEMA Business School a accueilli sur son campus Grand Paris la 52e réunion annuelle de la European Finance Association (EFA).
Fondée en 1974, l’EFA fédère une communauté internationale de chercheurs, praticiens et doctorants dans tous les champs de la finance, de la finance d’entreprise à la finance de marché en passant par la finance des ménages, la finance durable et l’intermédiation financière. Sa mission est de promouvoir et diffuser une recherche de haut niveau, en offrant notamment un lieu d’échanges annuel : l’EFA Annual Meeting.
Chaque été, cette conférence réunit universitaires et praticiens autour de débats sur les sujets d’actualité financière et donne lieu à plusieurs remises de prix prestigieuses distinguant conférenciers, chercheurs et doctorants.
Une édition aux thématiques variées, reflet d’une finance en prise avec le réel
Cette 52e réunion marquait le retour en France de l’EFA après plus de 25 ans d’absence, avec une édition record : 2 024 articles scientifiques soumis, 216 retenus, 72 sessions programmées et plus de 800 participants. Nous devons ce succès au travail de Laurent-Emmanuel Calvet (économiste et professeur de finance à SKEMA), Program Chair de l’événement et Helen Bollaert (professeur de finance et directrice du centre de recherche FAIRR de SKEMA), responsable du comité d’organisation local.
Le programme imaginé par Laurent-Emmanuel Calvet s’est distingué par sept sessions spéciales organisées en collaboration avec de grands partenaires institutionnels et centrées sur des enjeux majeurs de la recherche en finance. Ces sessions venaient compléter les soixante-cinq autres, réparties en six thématiques : Asset Pricing, Corporate Finance, Financial Intermediation, Household Finance, Sustainable Finance, Market Microstructure.
L’événement a également été ponctué par plusieurs sessions ad hoc animées par des chercheurs de renommée internationale. La conférence plénière a été brillamment délivrée par Monika Piazzesi, professeure à l’Université de Stanford, ancienne présidente de l’American Finance Association et lauréate du prix Elaine Bennett ainsi que du prix Bernacer. Elle y a présenté une réflexion novatrice sur les rendements des actifs sous la forme de taxes carbone.
Enfin, le panel plénier de cette édition fut consacré aux liens entre finance et changement climatique. Il réunissait Andrew Blease (Moody’s), Lars Peter Hansen (Université de Chicago, prix Nobel d’économie 2013) et Catherine Wolfram (MIT, ancienne sous-secrétaire adjointe au Trésor américain). Les échanges ont souligné l’importance d’intégrer les risques climatiques dans les mécanismes financiers et d’imaginer de nouveaux instruments pour accompagner la transition énergétique.
Des sessions spéciales riches en propositions innovantes
Les sessions spéciales ont permis d’ouvrir le débat à un large spectre de sujets au croisement de la recherche académique et des enjeux de politique publique.
Les débats ont mis en avant les défis de la finance durable, entre modèles économiques des agences de notation ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance), limites de l’intégration des critères environnementaux et effets ambivalents des régulations industrielles. Ils ont également exploré les mutations des marchés de la dette souveraine, la montée en puissance des ETF (exchange–traded funds) et leurs implications systémiques, ainsi que l’influence de la structure des contrats de crédit et du rôle des grands investisseurs sur la transmission des politiques monétaires.
Les discussions sur les retraites ont, quant à elle, souligné les enjeux de frais de participation boursière et de régulation du risque, tandis que celles sur les prix des actifs ont insisté sur la nécessité de données robustes et d’une vigilance accrue face aux comportements individuels. Enfin, la gestion des risques extrêmes dans le secteur de l’assurance a révélé des tensions entre solidité financière, exposition différenciée aux risques climatique et de transition, et glissement de leur rôle traditionnel de mutualisation des risques.
Un programme exhaustif tourné vers la finance durable
Au-delà des sept sessions spéciales, les 65 sessions scientifiques ont couvert l’ensemble des grands champs de la recherche financière contemporaine. Les échanges ont montré combien les choix des ménages, les structures de financement des entreprises et l’innovation technologique transforment en profondeur la dynamique des marchés financiers et la transmission des politiques économiques.
Côté intermédiation bancaire et non bancaire, le rôle persistant des canaux de liquidité et de la régulation, mais aussi la montée des acteurs privés du crédit et des technologies financières ont été longuement explorés, ainsi que leurs implications contrastées en termes de stabilité et d’accès au financement. Côté ménages, les discussions ont souligné l’importance des préférences, de la littératie financière et des conditions d’accès au logement ou au crédit dans la formation de la richesse et dans la résilience face à l’endettement.
Un accent particulier a été mis sur la finance durable, qui a suscité des débats nourris autour du coût économique des politiques climatiques, des effets de la biodiversité sur la valorisation des actifs ou encore de la crédibilité des engagements en matière d’ESG, entre incitations vertueuses et risques de greenwashing. Enfin, les contributions sur les marchés monétaires et obligataires ont éclairé la résilience du marché face aux chocs récents, en montrant comment la régulation post-crise a renforcé la capacité d’absorption des chocs tout en modifiant l’équilibre entre liquidité et immédiateté.
Dans l’ensemble, ces sessions ont montré que la recherche académique est attentive à la stabilité du système, soucieuse des enjeux de long terme et ancrée dans des données empiriques de plus en plus fines. Des tendances dans lesquelles SKEMA Publika est pleinement ancré, notamment par ses analyses sur la finance durable.
De la recherche académique aux solutions opérationnelles : l’éclairage de SKEMA Publika
Les débats scientifiques de la réunion annuelle de l’EFA ont mis en lumière la complexité des interactions entre finance, régulation et transition écologique. Pour prolonger ces réflexions, les travaux de SKEMA Publika offrent des pistes concrètes visant à concilier compétitivité et durabilité, en insistant sur l’importance de la gouvernance et des instruments juridiques.
Ainsi, l’approche du smart law, tel que développée par Diane de Saint-Affrique et Dhafer Saïdane, propose des cadres légaux adaptatifs et graduels, capables d’accompagner l’innovation sans alourdir excessivement la charge réglementaire. En d’autres termes, il s’agit de promouvoir la transition écologique sans nuire à la compétitivité des entreprises par la création de réglementations pragmatiques combinant le soft law et le hard law. Cela afin d’atteindre les objectifs sociaux et de durabilité souhaités tout en tenant compte des contraintes auxquelles sont confrontés les différents secteurs. À SKEMA Publika nous pensons que fixer les règles en consultation avec toutes les parties prenantes (entreprises, société civile et responsables politiques), incarne une approche pragmatique et essentielle pour promouvoir la finance durable de manière réaliste.
Dans le même esprit, leurs recherches sur l’autorégulation des entreprises montrent que des mécanismes internes de transparence, de suivi et de sanction peuvent compléter efficacement les obligations normatives pour crédibiliser les engagements ESG. À travers ses analyses sur la RSE et la gouvernance, Dhafer Saïdane rappelle que la durabilité repose autant sur des choix organisationnels et démocratiques au sein des entreprises que sur la pression des marchés financiers. Enfin, leurs travaux explorent aussi le rôle de la finance durable comme vecteur de compétitivité, et non comme contrainte, en soulignant que la transition écologique peut devenir un moteur d’innovation et d’avantages stratégiques.
Ces travaux rejoignent les grands débats de l’Annual Meeting de l’EFA, notamment ceux sur le coût de la transition ou l’alignement des incitations, tout en proposant une perspective pratique de gouvernance. Ils offrent une grille de lecture complémentaire ouvrant la voie à la transformation des défis de la transition en opportunités de développement économique et social.