Introduction
La forte concentration géographique des médecins libéraux en France soulève des défis importants pour le système de santé en créant notamment des « déserts médicaux ». C’est un phénomène qui prend de l’ampleur depuis plusieurs années. France Inter rapporte que soixante-neuf départements ont vu leur densité médicale reculer entre 2010 et 20241. Cette multiplication des déserts médicaux engendre un accroissement des difficultés d’accès aux soins et un renforcement des inégalités territoriales entre zones pourvues et moins bien pourvues en services médicaux.
Face à l’ampleur du problème, des initiatives gouvernementales ont été mises en place afin de lutter contre la dynamique de désertification médicale. Deux principales approches sont discutées : les politiques de régulation des installations et les politiques incitatives basées sur le volontariat. La première approche vise à imposer aux jeunes médecins d’exercer dans des zones sous-dotées pour une période déterminée. Cela permet de garantir un accès géographique plus équitable aux soins et répond aux besoins de service public. La politique de régulation des installations permet ainsi de réduire les inégalités d’accès aux soins et constitue une solution rapide pour répondre aux besoins des populations. Toutefois, en contraignant la liberté d’installation, elle peut nuire à l’offre et à la qualité des soins, car un médecin contraint de s’installer dans un territoire pourrait se démotiver, réduire son temps d’exercice et donc son implication. La seconde approche, basée sur le volontariat, encourage les médecins à s’installer dans des zones sous-dotées par des avantages financiers et non financiers, respectant ainsi la liberté d’installation des médecins. Les incitations utilisées incluent des primes à l’installation, des exonérations fiscales, et des améliorations des conditions de travail, contribuant à rendre ces zones plus attractives. Cette seconde option est généralement plus facile à implémenter dans la mesure où une approche non coercitive est davantage acceptée par les médecins libéraux. Précisons qu’en France les médecins jouissent d’une parfaite liberté d’installation. C’est-à-dire que les médecins ont le droit de s’installer où ils veulent pour exercer leur profession. À titre de comparaison, peu de pays autorisent une telle approche.
Cette question de la répartition géographique des médecins, et en particulier des médecins libéraux, est un défi majeur pour notre système de santé. Ainsi, l’ambition de cette étude est d’apporter un éclairage sur les problématiques suivantes : comment expliquer l’apparition et le développement des « déserts médicaux » en France ? Quel type de politique est le plus efficace pour lutter contre les « déserts médicaux » : la régulation ou l’incitation ?
Sur la base des travaux de Benjamin Montmartin, professeur d’économétrie et de sciences des données à SKEMA Business School et directeur de la Chaire pour la prévention et l’accès aux soins, cette étude aborde l’organisation de la médecine libérale en France et l’efficacité des politiques de régulation ainsi que des politiques incitatives pour lutter contre les « déserts médicaux ». L’étude propose également une analyse comparative des politiques publiques mises en place dans d’autres pays.
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Source
- Inter, F. (2025, 28 février). Les déserts médicaux : quelles conséquences pour notre santé ? France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/une-semaine-en-france/le-18-20-une-semaine-en-france-du-vendredi-28-fevrier-2025-5795838 ↩︎