Le sport de demain: quelles politiques nationales et internationales ?

Une approche politique du sport

SKEMA Publika a publié en juillet 2023 le tome 1 de son rapport intitulé Le sport de demain : besoins et idées des jeunesses internationales à usage des décideurs qui, sur la base des résultats d’enquêtes quantitatives et qualitatives menées auprès de jeunes âgés de 18 à 24 ans de divers pays, analyse leurs intérêts ainsi que leurs préoccupations vis-à-vis du sport. Dans ce premier tome, nous avons constaté que le sport est multidimensionnel, il touche à l’éducation, à la santé, au travail, au divertissement et au social.

Mais le sport s’avère également être un outil politique. D’abord avec ses différents modèles de gouvernance aux échelles nationales et internationales. Puis, comme un vecteur d’influence, de développement, de durabilité sociale, de promotion de valeurs. C’est sur ces aspects politiques que porte le tome 2…

Le rapport se décline en six parties et selon trois approches :

1. Les systèmes sportifs nationaux et supranationaux répondent-ils aux attentes ? Comment faire mieux demain ?

Le premier moment du rapport présente quatre systèmes sportifs : le système étasunien, le système chinois, le système dit « européen » avec en son sein le système français et les systèmes africains. Toutefois, le sport est un secteur qui n’échappe pas à la mondialisation. Les filières sportives font l’objet de convoitises des grandes entreprises et fonds internationaux, qui n’investiront pas sans exporter leur propre vision du sport. Si les États sont reconnus comme responsables des politiques publiques du sport, on constate une prise de conscience sur la nécessité de faire émerger des investissements privés. Les grands événements sportifs internationaux (GESI), et spécifiquement les Jeux olympiques, sont notamment des catalyseurs d’enjeux géoéconomiques majeurs. Comparer l’efficacité de ces différents systèmes et politiques reste un exercice difficile, les critères étant très divers. Le rapport fait état des principales tentatives de mesures, parmi lesquelles figurent les victoires sportives, la pratique des populations et le degré de satisfaction des citoyens.

Il ressort également que les jeunes associent la thématique du sport à celles de la santé, de l’éducation et du plaisir. Or l’aspect ludique paraît être peu mentionné dans les politiques publiques sportives. Sans mise à disposition de moyens rendant sa pratique accessible, le sport risque d’être réduit au sport spectacle, selon la logique du plus offrant.

2. Quel rôle pour les États dans la gouvernance mondiale du sport quand le leitmotiv est la préservation de l’autonomie du mouvement sportif ?

Le second moment du rapport présente les acteurs qui régissent la gouvernance mondiale du sport, et interroge leurs dynamiques d’interaction.

La gouvernance mondiale du sport est dominée par des acteurs privés. Ce sont le Comité international olympique (CIO), le comité international paralympique et les fédérations internationales. Les États sont représentés via les organisations internationales comme l’UNESCO, le Conseil de l’Europe, ou l’OCDE. Ces dernières sont davantage émettrices d’un ensemble de principes éthiques et de recommandations, même si plusieurs textes contraignants existent. Notre rapport produit un tableau complet des régulations internationales, obligatoires ou non, existantes à ce jour.

Cette quasi-mainmise des acteurs privés sur la gouvernance du sport est l’héritage du principe d’autonomie du sport, qui stipule que le secteur doit être préservé de toute ingérence politique. Pourtant, les nombreux scandales de corruption et fraudes qui ont agité les entités privées du sport ces dernières décennies appellent à une réforme de leur fonctionnement. Le fait qu’elles assurent simultanément des fonctions commerciales et des fonctions régulatrices, sans instance claire de supervision, interroge.

3. Faut-il définir des valeurs du sport au niveau mondial ? Pistes de travail.

Le troisième moment se concentre sur les valeurs du sport et s’il est souhaitable de les réguler au niveau global. Notre enquête a montré la volonté des jeunes d’imprégner le sport de valeurs universelles. De leur côté, les organisations internationales considèrent que le sport irrigue de très nombreux pans de la vie humaine. Elles l’appréhendent par ses fonctions éducative, de santé publique, sociale, culturelle, récréative, mais aussi sécuritaire. La Charte olympique du CIO l’érige comme une véritable « philosophie de vie ». Tendre vers cet idéal suppose de se confronter aux questions suivantes : Comment concilier un sport porteur de valeurs avec le principe de neutralité politique du sport ? Existe-t-il des valeurs intrinsèques du sport ? Celui-ci devenant sans cesse plus global, comment la communauté internationale peut-elle s’entendre sur des valeurs communes ?

Nous suggérons que les parties prenantes s’appliquent à trouver au niveau international un « plus petit dénominateur commun » de valeurs, acceptable par tous et respectant les libertés de choix. La notion de sport bien commun peut paraître connotée politiquement, mais en y regardant de près, elle est tout de même mise en avant par la plupart des politiques nationales. Elle sous-entend notamment les notions d’égalité d’accès quels que soient l’âge, le genre, les moyens financiers… et se marie bien avec le concept partout revendiqué de responsabilité. Elle nous paraît féconde pour répondre aux attentes des jeunes et de tous les citoyens. C’est en outre une notion utilisable et déclinable par tous les acteurs clés du sport, qu’ils soient publics ou privés, nationaux ou internationaux.

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